" And I think to myself, what a wonderful world... "
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27 février 2015

Recette // Le bénitier

Un soir Anto nous ramène un bénitier.
Un Tridacna maxima ou peut-être un bénitier rouleur (Hippopus hippopus)...
Ici en Calédonie plusieurs espèces de bénitiers peuplent le Lagon. C'est un met très apprécié par les locaux. Malheureusement, certaines espèces sont en voie d'extinction et classées comme "vulnérable" par l'IUCN, d'autres ont moins subi les effets de la surpêche et sont classées "Préoccupation mineure". Bien sûr les données et informations concernant les stocks de ces espèces sont faibles donc rien de tout ça ne peut être considéré comme vraiment sûr. Pour conserver ces stocks et éviter un impact trop important de la pêche sur ces espèces, un quota de pêche a tout de même été mis en place : 2 individus par bateau et par personne.


Bref, un jour Anto nous en a ramené un.
Et on a décidé de le cuisiner à la mode de Maré, une des îles Loyauté où Anto a fait un long séjour-kanak-brousse et s'est immergé dans leur culture, leurs activités et leur cuisine (en tant que goûteur).
Avec le muscle (la noix) ayant un goût de noix de St jacques cru, on a fait une poêlée et avec le reste du manteau une bisque.


INGREDIENTS

1 bénitier


Lait de coco
Curry
Concentré de tomates
Oignons
Ail
Sel, poivre


Pas à pas

Séparer le muscle du manteau

Faire cuire le muscle dans de l'eau bouillante

Puis le faire revenir avec de l'oignon et de l'ail. Point trop non plus.
  

Une fois dorés, ajouter une boîte de lait de coco. Faire mijoter, un peu. La chair doit rester tendre.


La bisque
Rincer les morceaux de manteau délicatement et les mettre à cuire dans une casserole avec moitié lait de coco (une boîte), moitié eau.

Ajouter du concentré de tomates et laisser mijoter, comme une soupe.
 

Quand vous pensez que cela est bon, retirer du feu. Passer au tamis et ne conserver que la bisque.


Saler , poivrer. 
Déguster.
Un délice !



17 février 2015

Radio Cocotier

126% plus cher qu'en métropole !


En septembre 2014, les enquêteurs de l’UFC Que Choisir Nouvelle-Calédonie ont visité les 5 magasins de la grande distribution classique pour y relever des prix, dans le cadre d'une l’enquête nationale.

Comparaison avec la Métropole et évolution

L’enquête a été mené sur 37 produits qui ont été trouvés dans chacun des 5 magasins enquêtés

Sur ces produits de marques nationales et MDD (marque des distributeurs) pour lesquels la comparaison est possible, le panier en Nouvelle-Calédonie est 126 % plus cher que le panier en métropole, soit un coût multiplié par 2,26.

Et l’écart avec le panier moyen en Métropole se creuse :

Novembre 2010 : +  81 % (MDD) et + 96 % (marques nationales)

Septembre 2011 : + 104 % (marques nationales)

Septembre 2012 : + 117 % (MDD et marques nationales)

Septembre 2014 : + 126 % (MDD et marques nationales)

Les relevés que les bénévoles ont réalisés confirment une fois de plus les niveaux très élevés des prix.

Certes, "ce panier, très métropolitain pour les besoins de la comparaison, reflète mal la consommation locale."

Néanmoins, pour certains produits, notamment au rayon hygiène, les Calédoniens n’ont pas le choix.

"Taxes, transport aérien ou maritime, manutention portuaire, grossiste, distributeur, la vie chère a de multiples explications, qui ne sont pas toutes des justifications."

L’UFC (Union Fédérale de Nouvelle-Calédonie tient également à dénoncer "l’attitude d’un magasin qui a tenté d’interdire à la bénévole d’effectuer ses observations".



14 février 2015

Chasse et Café

Le samedi ce fut chasse.
Le dimanche ce fut café.


Samedi.
On retourne à Moindou et à la cale de Ouano pour laisser voguer Milo vers les spots à poisson que l’on commence à bien connaître.
La visi a l’air vraiment pas terrible. L’eau est toute souillon suite aux pluies diluviennes ayant rejeté toutes les saletés des rivières en mer.


J’étrennais mon cadeau d’anniversaire de Doudou en avance. Ben oui, parce que le week-end de mon anniversaire je travaille, donc pas de plongée.

J’enfile donc avec grâce et délicatesse ma combinaison de plongée 2 pièces Aquaskin toute clinquante (si seulement il était possible d’être gracieuse et délicate en enfilant du néoprène).
Je chausse ensuite mes chaussons tout neufs.
Et enfile mes nouvelles palmes de compète. Deux fois plus longues que mes petites palmichettes Decathlon. C’est vous dire si je vais en taquiner du poisson.
Toute pimpante, j’offre aux garçons un PLOUF digne du Grand Bleu.
Même plus froid, je vais enfin arrêter de grelotter au bout d’une heure.

Je m’amuse avec des énormes raies les 20 premières minutes. Divines et bien grosses, elles raclaient le sable, tout en avançant.
 

 

Une heure et demi passe et franchement … je m’ennuie ferme.
Pas de poisson. Plus de raies. De toute façon pas de visi non plus.
Les garçons en ont aussi marre d’attendre pour rien.
Gigo tire un platax, histoire de… enfin surtout pour les rillettes que l’on a prévu de faire.
 

On remonte sur le bateau et changeons de spot, se rapprochant de la passe où la visi devrait être meilleure. En chemin on aperçoit des ailerons fendre la surface, qui en se rapprochant s’avèrent appartenir à un gang de dauphins. Pas très câlins les dauphins. Ils s’approchent un peu puis s’écartent vite.
 

Tant pis.
On s’arrête sur un autre « coin à poissons ».

Une visi un peu meilleure (enfin ce n’est pas l’eau limpide à laquelle on a déjà été habitués). Et quelques bancs de poissons.
Pierre fait un agachon, un banc de becs de canne lui passe devant.
Il tire.
Et fait mouche.
Gigo déboule d’on ne sait où, sous mes palmes, pour tirer une deuxième flèche et bien accrocher le poisson qui se débattait.

La chasse continue et s’annonce meilleure.
 

Moi, je taquine les requins pointes blanches, ces fausses racailles de l’océan, qui s’approcheraient trop près de mon homme. Je fonds sur eux et les fais fuir.
Difficile de les filmer de près. En même temps…

 

Je me fais également suivre par un serpent marin, un gros (quand même c’est impressionnant), qui me fait bien plus peur que les pointes blanches d’ailleurs. Je palme vers l’arrière, à l’arrache essayant de rejoindre Gigo et distinguant ce serpent qui me suit et se rapproche de mes palmes. A force de multiples splashs - qui ont dû agacer le chasseur qui est en Edouard - ce dernier me rejoint et touche du bout du fusil le serpent, qui, enfin, fait demi-tour rapidement.

Et voilà comment passer pour une gourde aux yeux de votre copain, faisant fuir tous les poisson alentours pour un pauvre petit (mais gros) serpent inoffensif.
Oui je sais.
Mais cela reste toujours impressionnant, encore plus sous l’eau où ils nagent très habilement dans toutes les directions, sans cette bonne vieille gravité qui les colle au sol, sur terre.

Cette session chasse se termine donc avec 2 becs de canne, 1 dawa, 1 picot, 1 rouget, 1 platax, 1 loche saumonée.
Tout fiers nos chasseurs.


       

Tout beaux les poissons.



Retour à la cale où l'on retrouve Clémence pour un pique-nique-moustique.
On commence à être habitués.


Puis sieste digestive sous cette chaleur écrasante qui nous assomme et met votre organisme au ralenti.

Au réveil, on va donc se prendre une bonne bière fraîche au Banu, LE bar de La Foa.
L’unique bar tout court du Nord.
Le repère de Pierre et Clémence également.
Un repaire à casquettes super sympa.

Le soleil est sur le déclin et la nuit ne va pas tarder à tomber.
C’est le meilleur moment pour aller à la chasse au cerf.
Non Choupi, jamais je ne tirerais sur l’une de ces pauvres bestioles (même si bon ce serait plus bénéfique pour la végétation calédonienne s’il y en avait beaucoup beaucoup moins).


Petit interlude.

La chasse au cerf ici, c’est un peu LE sport national.
Ben oui, déjà le cerf (espèce importée évidemment) est une espèce considérée comme invasive car il bouffe et détruit la végétation calédonienne, espèces endémiques y compris. Et c’est là le problème. Car il n’y a pas vraiment de régulation. Ils sont déjà des milliers à se balader dans la nature.
Il est donc autorisé, voire même demandé de leur tirer dessus.
Certains les chassent pour contrôler et réguler la population, histoire d’arriver à un seuil où la végétation a le temps de se renouveler avant le prochain carnage boulimique du cerf.

D’autres les chassent juste pour le plaisir (de tirer ?) de le manger.
Et sélectionnent donc leurs prises.
Hmmm une bonne cuisse de cerf, une bonne salade de cerf…

C’est également pour ça que l’on trouve du saucisson au cerf en masse dans les supermarchés (où est ce bon vieux saucisson au porc, au canard, au sanglier, au chevreuil, à l’âne…).
Ne vous étonnez donc pas que tout import de saucisson français sur le territoire soit FORMELLEMENT interdit !
Qui parle de monopole ?
En tout cas je ne dois pas être la seule à rêver de saucisson aux noisettes, au beaufort, aux figues, au piment, …

Fin de l’interlude.


Nous prenons la carabine des propriétaires du domaine où il y a le chalet de Pierre et nous nous baladons tranquillement dans la propriété parmi les niaoulis.
Les baskets aux pieds.
La carabine à la main.
Ou l’appareil photo à la main pour les autres.
A l’affut du moindre mouvement.


Le soleil se couche.
Pas de cerf.
La lune fait poindre ses rondeurs.
Pas de cerf.
Les nuages virent au fuschia.
Toujours pas de cerf.
On prend la direction du retour.
Quand au détour d’un chemin, on aperçoit une ombre penchée sur le sol.
Pierre aligne la carabine.
Il vise.
L’animal relève la tête.
C’est une biche.



Non je ne vais pas vous raconter en détail ce qui a suivi.
De une, des enfants et Choupi lisent peut-être parfois ce blog.
De deux, nous venions pour un faon (je sais c’est pire), à la demande du propriétaire dont le congélateur est encore garni de morceaux de cerf.

Chanceuse la bichette !!

La soirée se termine autour d’une bière fraiche sous le faré de Patrick et sa femme, les propriétaires du domaine.



C’est dimanche.
Les garçons retournent chasser…
Une passion dévorante on vous dit.

De notre côté, cela fait une semaine que je rêve d’un café. Mais pas juste un café. Un bon café. Un vraiment bon café.
Ce qui est dommage, c’est qu’ici on trouve du café « calédonien » en grandes surfaces, mais on a appris plus tard, que les grains venaient de Papouasie ou d’ailleurs et étaient juste conditionnées ici, en Calédonie.
Alors que sur cette île, il y a pourtant des caféières (exploitations de café). En plus des cafetières.

Alors avec Clémence, on part à la recherche de l’une d’elles, supposément située à Farino, pas très loin de Moindou. Mais qui reste mystérieuse, puisque le propriétaire reste injoignable et que l’adresse reste incertaine.
Nous avons la matinée, alors.
Direction Farino.
On tente une première petite route sur la droite.
Plusieurs œillades sur la carte et 10min plus tard … on s’est sans doute trompé de route.
Demi-tour, jusqu’à une autre petite route sur la droite, pourtant bien indiquée par un panneau « caféière ».
Hum ! Bravo Gaëlle !

Une chaîne nous empêche d’aller plus loin.
Un panneau indique : « klaxonnez et attendez 15min ».
Hum le mystère continue.

On ne va pas s’arrêter en si bon chemin.
Nous klaxonnons donc, mais doutant fortement de la présence de quelqu’un ici, après tous nos échecs téléphoniques, on se donne 5min d’attente (nous ne sommes pas très patientes).

5min plus tard, Clémence s’écrie « Bon on se barre là ! », quand une tête apparaît à côté d’elle, nous souhaitant le bonjour.
Oups !
C’est le propriétaire des lieux qui est ok pour une visite.
Ca tombe bien.

Nous voilà donc dans le Domaine Ida-Marc, du nom des anciens proprios du domaine caféicole qui date de 1915.
Notre ex-pharmacien s’est reconverti dans le café, en plantant encore plus de pieds de café en 1998. Maintenant il y en a plus de 33000 su 13 ha.
Malheureusement les exploitations de café en Calédonie galèrent à subsister ?
C’est un travail difficile et disons que les locaux ne sont pas tous très « travailleurs ».

Sur son domaine, on retrouve 3 espèces majeures, 3 arabicas grands crus.
Le Jamaica Blue Mountain. Plutôt corsé et tonique.
Le Bourbon Jaune. Grand cru 100% arabica peu caféiné (1,2%) aux arômes fruités et aux saveurs boisées.
La Bourbon Pointu (dit café Le Roy). Grand cru 100% arabica au taux de caféine le plus faible au monde (0,53%). Arôme discret et fleuri, saveur chocolatée (selon lui, nous notre palais n'en est pas encore à cet éveil là).

Ces deux derniers sont assez rares, du fait de leur faible taux de caféine à l’état naturel (ne nécessitant donc pas de post-traitement).
Le Bourbon Pointu est la petite star ici, son prix de vente en Europe avoisine les 150€ le kilo.

On découvre pour la première fois, un pied de café, un caféier.
A maturité, les baies (appelées cerises) sont rouges pour le Bourbon Pointu et jaunes pour le Bourbon Jaune.



Après la récolte manuelle, les cerises sont placées dans une machine dédiée au dépulpage.
Elles sont ouvertes afin de séparer les deux grains de café situés à l’intérieur et passées dans l’eau.
Ils restent ensuite tremper 24h dans de l’eau de pluie afin d’enlever le mucilage autour des grains. Ici ils utilisent l’eau de pluie afin de rester le plus naturel possible et de ne pas ajouter de produit pouvant altérer le goût du grain. C’est pourquoi le processus est diable long.

Les grains sont ensuite mis à sécher sous une serre, au soleil, un ou deux mois.
Puis envoyés à la torréfaction où ils vont être cuits doucement.
Arrivant au stade que l’on connaît tous, le grain de café brun.

Son café a déjà été primé en métropole et régulièrement primé à la Foire de Bourail.
Mais malheureusement on ne peut pas faire de dégustation. Damned !
On repart quand même avec quelques pochons que l’on goûtera à la maison.
          

    






La petite chapelle de Farino


Le kangoo-brousse de Pierre et Clémence

La presqu'île de Ouano